Provinces: La problématique des enfants talibés au Tchad, une question épineuse
Au sens étymologique du terme, un «talibé» (Talib) est un élève ou un disciple apprenant le Coran. C’est généralement un garçon âgé de 5 à 15 ans, issu d’une famille pauvre souvent rurale, confié par ses parents à un maître coranique (ou marabout) afin que celui-ci se charge de son éducation religieuse. Cette éducation a lieu dans une école coranique. En contrepartie, le talibé doit s’acquitter des travaux domestiques, et est généralement contraint à mendier dans les rues afin de subvenir à ses besoins et aux besoins de son maître et de sa famille.
Le mendiant est donc envoyé par ses parents pour acquérir des connaissances religieuses.
Au Tchad, la majorité de la population est pauvre. Cette pratique est observable dans les grandes villes du pays. Même les petites localités ne sont pas épargnées. De mendiants qui sillonnent de porte à porte, physiquement mal nourris et psychologiquement déprimés.
Au lieu d’être des apprenants assidus et modèles, les talibés au Tchad sont devenus plutôt un danger pour la société. Vols, conflits, trafics… sont des activités dangereuses auxquelles ils se livrent.
Aujourd’hui, ces enfants se trouvent dans les marchés, les cérémonies de mariages, des lieux publics, les restaurants, les baptêmes.
On se demande quel temps en ont-ils pour l’apprentissage ?
Ces enfants aussi appelés « mouhadjirines », possèdent des téléphones portables et aperçus dans les salons de jeux ou les PlayStations.
Halimé Moussa Fanami, une écrivaine tchadienne, nous livre un témoignage poignant sur un enfant talibé qui touche le cœur.
«Il est 21h 45 mn quand ce petit talibé est venu mendier,vu que ce n’est pas la première fois que d’autres comme lui viennent pour mendier à des heures tardives, une curiosité m’est passée par l’esprit pour comprendre, pourquoi mendier à des heures tardives,surtout pendant ce mois.
je lui ai alors posé la question, pourquoi mendies-tu à une heure pareille? As tu faim? N’est-il pas très tard pour rentrer?
Il me répond : «j’ai fini avec la lecture coranique de la nuit et je suis sorti pour mendier pour le sahour».
Vu son visage il n’avait pas l’air de quelqu’un qui avait l’âge de jeûner, alors je lui repose la question s’il jeûne, il me dit, «non ce n’est pas pour moi mais c’est pour notre oustaz (marabout).
Ça m’a juste fondu le cœur en sachant que leurs parents sont quelques part et permettent que leurs enfants vivent une vie pareille
Je me pose la question si les parents arrivent à dormir avec la conscience tranquille, pour eux, c’est peut-être une manière de rendre leurs enfants matures mais je pense que c’est très lâche de leur part….
Quelque soit notre pauvreté si nous avons pensé à emmener un enfant dans cette vie ,celui-ci doit-être dans notre entière responsabilité et non rester à remplir la terre et dire que c’est la volonté de Dieu.
Il y a des choses qui doivent déjà cesser et je pense que la maltraitance de ces enfants en est une». Conclut-elle.
Cette problématique doit préoccuper les plus hautes autorités du pays afin de prendre cette question en main et apporter des solutions adaptées et durables.
Hassana Hamit Adoum Batarko